S’il veut réformer la France, Macron doit commencer par se réformer lui-même.
C’était prévisible. Les sondages le confirment : le Président est loin de faire l’unanimité. Seulement 36 % des Français se disent satisfaits de son action. À la même époque, en 2012, François Hollande bénéficiait encore de 46 % d’opinions favorables. La comparaison est rude : Macron deviendrait-il un Président plus impopulaire que son prédécesseur ? On peut se réjouir que de plus en plus de Français soient lucides, bien qu’il faille constater que la capacité de nuisance ne décline pas avec l’impopularité.
Selon le directeur de l’IFOP, les premières annonces ont refroidi les ardeurs : « Les Français ont compris que les efforts, c’était pour tout de suite et que les récompenses, ce serait éventuellement pour plus tard. » En cause, la baisse des APL à la rentrée, l’augmentation de la CSG en 2018, le report de la suppression de la taxe d’habitation qui, de toute façon, sera compensée par une hausse d’autres impôts ou une diminution des investissements locaux.
À cela s’ajoutent les conditions dans lesquelles le Parlement a adopté le projet de loi autorisant l’exécutif à légiférer par ordonnances pour réformer le droit du travail : une telle procédure pour imposer – dans une version plus poussée – une réforme contestée sous le mandat de François Hollande n’est pas le meilleur moyen de la faire accepter. Ou encore les coupes budgétaires effectuées moins pour boucler raisonnablement le budget que pour satisfaire aux exigences de Bruxelles.
Bref, Macron semble avoir épuisé en quelques semaines le capital de sympathie qu’il avait engrangé lors des élections. Le charme est rompu : non seulement un grand nombre de Français ont compris qu’ils s’étaient fait abuser, mais le Président et son entourage ont trop présumé de leur victoire, oubliant qu’à peine un quart de l’électorat a approuvé ses orientations. La légitimité d’une « majorité » aussi relative ne pouvait qu’être rapidement contestée.
Mais imagine-t-on Jupiter donner dans la modestie et reconnaître qu’il s’est trompé ? Au lieu d’essayer de corriger ses erreurs et de rassembler les Français par des mesures plus consensuelles, il s’entête. Pire : il se dédouane en reportant la faute sur les autres. Selon Le Canard enchaîné du 9 août, Emmanuel Macronexpliquerait cette chute dans les sondages par l’inexpérience du groupe majoritaire « qui s’est laissé tailler des croupières par les troupes de Mélenchon », les ministres qui « ne s’expriment pas assez dans la presse » et, surtout, Édouard Philippe, accusé de « ne pas imprimer assez dans l’opinion ».
L’on peut, certes, soupçonner Le Canard de ne pas lui faire de cadeau, mais cette autojustification correspond bien à sa mentalité : il n’aime pas l’échec, au point de le nier ou de chercher des boucs émissaires. Malheureusement pour lui, ces arguments se retournent contre lui. Qui est responsable, en effet, du choix des candidats LREM, du Premier ministre, de cette mixture entre des mesures de droite et de gauche qui mécontentent tout le monde à tour de rôle ?
Le Premier ministre se défend. Dans Le Parisien, il déclare : « J’essaie d’être sérieux, solide, de monter au créneau quand c’est nécessaire. L’omniprésence ne me semble pas être gage d’efficacité gouvernementale. » Ce n’est pas l’offenser que d’estimer que, même s’il communiquait davantage, il ne ferait pas avaler plus facilement la pilule. Il semble surtout viser son Président, l’as de la communication, ce comédien dans l’âme depuis son adolescence – ce qui ne fait pas forcément de lui un bon Président.
S’il veut réformer la France, Macron doit commencer par se réformer lui-même.
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