Le sang coule
François Danjou,
le 25 mars 2017
Le 23 mars, lors de l’émission
d’Antenne 2 organisée
à charge par David Pujadas, François
Fillon a fait ce qu’il aurait du faire depuis longtemps. Ayant hissé son artillerie au niveau du
pont principal, il a brutalement ouvert le feu sur François
Hollande avec tous ses canons. Du coup, la question est posée dans ce qu’elle
a de plus essentiel en démocratie. Existe
t-il une manœuvre venant
du plus haut sommet de l’Etat pour écarter le candidat des Républicains de la course à l’Elysée. Si oui peut-elle rester sans riposte
?
Alors que la France est confrontée à de considérables défis presque tous évacués du débat présidentiel et qu’on ne cesse de harceler François
Fillon pour ses costumes et l’emploi de sa femme, le Sarthois cite « Bienvenue Place Beauvau » (Robert Laffont,
2017), un livre sur les cabinets noirs de l’Elysée.
Prenant appui sur les révélations de l’ouvrage, il demande une enquête sur François Hollande qui, dit-il, aura été « sous réserve que les allégations soient confirmées, le chef de l’Etat
de la 5ième
République ayant pris le plus de libertés avec la légalité. ».
Comme à leur habitude, les pyromanes nient avoir allumé
le feu. Avant même la fin de l’émission un des trois auteurs
du livre démentait. Pourtant, le livre écrit bien: « Derrière ces ennuis à répétition
qui ciblent les principaux rivaux du président
sortant, difficile de ne pas voir la patte
de Hollande» et « Pour orchestrer les affaires judiciaires, il existe une mécanique complexe aussi
efficace que redoutable. Hollande a su en tirer
profit ».
Fort de ces allégations, le candidat LR exige désormais
une enquête sur une affaire
bien plus grave que la sienne.
Si dans son cas, la justice a réagi avec une célérité
exceptionnelle sur la seule foi des révélations d’un journal, il attend qu’elle fasse de même après le soupçon du scandale d’Etat
des secrets de la place
Beauvau manipulée par l’Elysée, décrit
par l’ouvrage.
*
Quant à l’émission d’Antenne 2, on aura rarement vu un débat
plus à charge contre un
François Fillon impassible sous la mitraille.
Orchestrée par David Pujadas, coutumier
de la provocation spectacle, elle a accumulé
l’arbitraire et le tendancieux, sélectionnant uniquement les réactions négatives des auditeurs, terminant
la séquence sondage
par la
question déplacée, proche de la faute professionnelle de l’expert des sondages : « Comment avez-vous encore la force
de continuer ? ».
Mais l’apogée de l’émission aura été la prestation vindicative, acariâtre et butée de Christine Angot, dont il est légitime de s’interroger ce
qu’elle faisait dans une émission
politique, sinon tenir le rôle de petit soldat supplétif du lynchage médiatique dont le candidat
LR est la cible depuis 2 mois.
Emblème d’une littérature « déconstruite », au style répétitif sans la moindre
saveur esthétique, marquée par la vulgarité et la platitude, Angot qui affectionne le sordide et les
transes psychanalytiques a, face à un François
Fillon qui eut beaucoup de mérite à rester poli, donné à Antenne 2 le spectacle affligeant d’une idéologue
sectaire, fermée et accusatrice.
Sa prestation qu’elle a lue d’une voix sèche et haineuse
a fait resurgir le spectre
maléfique des terroristes révolutionnaires dont la mémoire
continue de hanter la vie politique française. Assis sur la certitude
de leur prévalence morale, à la fois utopistes, fanatiques, imperméables au doute, rabâchant mécaniquement leur haine des riches, des patrons, de la qualité et de l’exception individuelle, dans une sempiternelle parodie révolutionnaire à peu de frais, il sont
les véritables verrous
qui bloquent la modernisation de la France.
*
Les fleurets de François
Fillon ne sont plus mouchetés.
La charge est une riposte au récent appel des socialistes qui, prenant appui sur la démission de Bruno Leroux,
exigent son retrait.
Le sang coule.
Après une mise en examen prononcée
avec une étonnante rapidité suite à une instruction incomplète ; après l’utilisation univoque violant la déontologie la plus élémentaire de la chaine de télévision d’Etat,
la prochaine étape pourrait être une contre attaque de François
Hollande dont le cabinet a dénoncé le caractère « insupportable » des accusations lancées par François Fillon.
Si on exclut la mise en détention provisoire, il reste la solution « d’empêcher » sa candidature par une décision du Conseil Constitutionnel saisi par l’exécutif ou le pouvoir
législatif qui lui
interdirait de se présenter
(Art 7 de la constitution). Il y a quelques jours déjà, Laurent
Fabius y avait fait allusion, dans une interview. « Nous devons
nous préparer à toutes les éventualités
pour ne pas être pris de court ». Mais, puisque la candidature de François Fillon a déjà été validée par le Conseil,
la décision d’empêchement qui devrait être prise dans un délai anormalement court,
imposerait aussi un report de l’élection.
*
L’avenir dira si l’instance créée par Charles
De Gaulle dont les décisions
s’imposent aux pouvoirs publics ainsi qu’à la machine
administrative et judicaire
du pays, notamment
pour contrôler la régularité des scrutins nationaux, suivra l’Elysée dans cette ultime
manœuvre d’élimination.
Enfin, dernière incohérence de cette situation chaotique, on notera
qu’une saisine du Conseil constitutionnel se ferait, dans ce cas, à contre
emploi de son objet initial.
Dans l’esprit du Général De Gaulle, le Conseil Constitutionnel devait en effet empêcher une dérive à l’américaine vers « un pouvoir
exorbitant des juges », considérant que la « seule cour suprême est le peuple ». Or, une élimination de François Fillon viendrait au contraire conforter
la puissance d’une partie
de l’appareil judiciaire manipulé contre un candidat dont
l’audience populaire ne faiblit
pas en dépit
des attaques qu’il
subit. FD.
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