dimanche 26 mars 2017

Le sang coule

                                                                  François Danjou, le 25 mars 2017


Le 23 mars, lors de l’émission d’Antenne 2 organisée à charge par David Pujadas, François Fillon a fait ce qu’il aurait du faire depuis longtemps. Ayant hissé son artillerie au niveau du pont principal, il a brutalement ouvert le feu sur François Hollande avec tous ses canons. Du coup, la question est posée dans ce qu’elle a de plus essentiel en démocratie. Existe t-il une manœuvre venant du plus haut sommet de l’Etat pour écarter le candidat des Républicains de la course à l’Elysée. Si oui peut-elle rester sans riposte ?


Alors que la France est confrontée à de considérables défis presque tous évacués du débat présidentiel et qu’on ne cesse de harceler François Fillon pour ses costumes et l’emploi de sa femme, le Sarthois cite « Bienvenue Place Beauvau » (Robert Laffont, 2017), un livre sur les cabinets noirs de l’Elysée. Prenant appui sur les révélations de l’ouvrage, il demande une enquête sur François Hollande qui, dit-il, aura été « sous réserve que les allégations soient confirmées, le chef de l’Etat de la 5ième République ayant pris le plus de libertés avec la légalité. ».


Comme à leur habitude, les pyromanes nient avoir allumé le feu. Avant même la fin de l’émission un des trois auteurs du livre démentait. Pourtant, le livre écrit bien: « Derrière ces ennuis à répétition qui ciblent les principaux rivaux du président sortant, difficile de ne pas voir la patte de Hollande» et « Pour orchestrer les affaires judiciaires, il existe une mécanique complexe aussi efficace que redoutable. Hollande a su en tirer profit ».


Fort de ces allégations, le candidat LR exige désormais une enquête sur une affaire bien plus grave que la sienne. Si dans son cas, la justice a réagi avec une célérité exceptionnelle sur la seule foi des révélations d’un journal, il attend qu’elle fasse de même après le soupçon du scandale d’Etat des secrets de la place Beauvau manipulée par l’Elysée, décrit par l’ouvrage.


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Quant à l’émission d’Antenne 2, on aura rarement vu un débat plus à charge contre un François Fillon impassible sous la mitraille. Orchestrée par David Pujadas, coutumier de la provocation spectacle, elle a accumulé l’arbitraire et le tendancieux, sélectionnant uniquement les réactions négatives des auditeurs, terminant la séquence sondage par la


question déplacée, proche de la faute professionnelle de l’expert des sondages : « Comment avez-vous encore la force de continuer ? ».


Mais l’apogée de l’émission aura été la prestation vindicative, acariâtre et butée de Christine Angot, dont il est légitime de s’interroger ce qu’elle faisait dans une émission politique, sinon tenir le rôle de petit soldat supplétif du lynchage médiatique dont le candidat LR est la cible depuis 2 mois.


Emblème d’une littérature « déconstruite », au style répétitif sans la moindre saveur esthétique, marquée par la vulgarité et la platitude, Angot qui affectionne le sordide et les transes psychanalytiques a, face à un François Fillon qui eut beaucoup de mérite à rester poli, donné à Antenne 2 le spectacle affligeant d’une idéologue sectaire, fermée et accusatrice.


Sa prestation qu’elle a lue d’une voix sèche et haineuse a fait resurgir le spectre maléfique des terroristes révolutionnaires dont la mémoire continue de hanter la vie politique française. Assis sur la certitude de leur prévalence morale, à la fois utopistes, fanatiques, imperméables au doute, rabâchant mécaniquement leur haine des riches, des patrons, de la qualité et de l’exception individuelle, dans une sempiternelle parodie révolutionnaire à peu de frais, il sont les véritables verrous qui bloquent la modernisation de la France.


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Les fleurets de François Fillon ne sont plus mouchetés. La charge est une riposte au récent appel des socialistes qui, prenant appui sur la démission de Bruno Leroux, exigent son retrait.


Le sang coule.


Après une mise en examen prononcée avec une étonnante rapidité suite à une instruction incomplète ; après l’utilisation univoque violant la déontologie la plus élémentaire de la chaine de télévision d’Etat, la prochaine étape pourrait être une contre attaque de François Hollande dont le cabinet a dénoncé le caractère « insupportable » des accusations lancées par François Fillon.


Si on exclut la mise en détention provisoire, il reste la solution « d’empêcher » sa candidature par une décision du Conseil Constitutionnel saisi par l’exécutif ou le pouvoir législatif qui lui interdirait de se présenter (Art 7 de la constitution). Il y a quelques jours déjà, Laurent Fabius y avait fait allusion, dans une interview. « Nous devons nous préparer à toutes les éventualités


pour ne pas être pris de court ». Mais, puisque la candidature de François Fillon a déjà été validée par le Conseil, la décision d’empêchement qui devrait être prise dans un délai anormalement court, imposerait aussi un report de l’élection.


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L’avenir dira si l’instance créée par Charles De Gaulle dont les décisions s’imposent aux pouvoirs publics ainsi qu’à la machine administrative et judicaire du pays, notamment pour contrôler la régularité des scrutins nationaux, suivra l’Elysée dans cette ultime manœuvre d’élimination.


Enfin, dernière incohérence de cette situation chaotique, on notera qu’une saisine du Conseil constitutionnel se ferait, dans ce cas, à contre emploi de son objet initial. Dans l’esprit du Général De Gaulle, le Conseil Constitutionnel devait en effet empêcher une dérive à l’américaine vers « un pouvoir exorbitant des juges », considérant que la « seule cour suprême est le peuple ». Or, une élimination de François Fillon viendrait au contraire conforter la puissance d’une partie de l’appareil judiciaire manipulé contre un candidat dont l’audience populaire ne faiblit pas en dépit des attaques qu’il subit. FD.

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