SONDAGE EXCLUSIF - Seulement 36% des Français se disent satisfaits de son action.
«Il n'y a plus de trêve estivale et il n'y a pas d'état de grâce.» À la lecture des résultats de son enquête, Jérôme Fourquet, le directeur du pôle opinion de l'Ifop, tire un bilan plutôt alarmant des cent jours d'Emmanuel Macron, qui ne semble plus bénéficier de «la magie de sa campagne». Si l'on compare sa cote de confiance à celle de ses prédécesseurs, les sujets de préoccupation sont perceptibles. Un tiers seulement des Français (36 %) se disent satisfaits de son action quand, à la même époque en 2012, 46 % l'étaient à l'égard de celle de François Hollande. Les perspectives sont également moins bonnes quand c'est l'évolution de la situation qui est mesurée. 23 % des personnes interrogées estiment que le pays évolue aujourd'hui plutôt dans le bon sens. Elles étaient 45 % en août 2007, trois mois après l'élection de Nicolas Sarkozy.
«Les bénéfices de l'élection présidentielle et des législatives, de la recomposition politique avec la nomination de personnalités de droite au gouvernement ou la création du groupe à l'Assemblée, du positionnement politique du président de la République, se sont évaporés, juge Fourquet. Même l'annonce des Jeux olympiques à Paris ne semble pas avoir d'effet positif. Les Français sont dans l'attente de résultats et d'une clarification des réformes.»
Car les premières annonces concrètes ont refroidi les ardeurs. «Le discours de politique générale d'Édouard Philippeconstitue un virage dans la perception du travail de l'exécutif, estime Jerôme Fourquet. Les Français ont compris que les efforts, c'était pour tout de suite et que les récompenses, ce serait éventuellement pour plus tard.» La baisse des aides au logement à partir de la rentrée constitue ainsi l'une des mesures les plus rejetées (60 % d'insatisfaction), juste avant le transfert sur la CSG des cotisations des salariés (53 % de rejet).
Selon le sondeur, on atteint là les limites de la ligne «en même temps» qui a fait le succès d'Emmanuel Macron. «Le fil rouge de sa campagne, c'était la transformation du pays à travers un ensemble d'avantages et d'inconvénients. Or, en trois mois, on ne change pas structurellement le pays. Ce que retiennent les Français, c'est qu'ils auront moins d'APL, que le tabac passe à 10 euros, que la CSG va augmenter. Aujourd'hui et maintenant. Pas que le système du logement va être réformé ou que les cotisations baisseront demain.» Et ce d'autant moins que l'exécutif peine à expliquer la cohérence de son projet.
À ces difficultés s'ajoutent celles inhérentes au positionnement au centre du président. Certaines mesures clivantes plaisent à la droite et sont rejetées par la gauche. Et inversement. «Mais, au global, c'est le scepticisme qui l'emporte», souligne Fourquet. Et Macron devra y être très attentif, selon lui. «La perception d'un quinquennat, on l'a vu avec le bling-bling de Sarkozy ou les couacs de Hollande, se forme dès le premier été», explique-t-il. Et, selon le directeur de l'Ifop, l'un des traits qui domine chez Macron est son souci des «coups de com'». Pas sûr que les Français se contentent de cela.
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