lundi 7 août 2017

Macron, générateur de "fake news" ? La fausse annonce des hotspots en Libye

L'annonce du Président fin juillet de créer des centres d'enregistrement des demandes d'asile en Libye "dès cet été" n'en était pas une. La bonne version est donnée par Gérard Collomb ce 6 août dans le JDD.
Parfois, les fake news viennent des responsables politiques eux-mêmes. C'est ce qui semble s'être passé avec Emmanuel Macron et l'affaire des "hotspots libyens" fin juillet. En marge d'un déplacement dans un centre pour réfugiés à Orléans, lors d'une discussion avec des journalistes, le président de la République avait annoncé : "L'idée est d'ouvrir des 'hotspots' en Libye afin d'éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu'ils ne sont pas tous éligibles à l'asile. (…) Je compte le faire dès cet été." Une annonce tellement "choc" qu'elle avait aussitôt généré une alerte de l'AFP et de nombreux articles, mais aussi des réactions inquiètes des associations tant les conditions pour "accueillir" les réfugiés en Libye, le temps d'étudier leur demande d'asile, sont instables et dangereuses. L'Elysée avait dû tempérer dans la foulée, précisant que la mesure ne serait mise en oeuvre que "si les conditions de sécurité [étaient] réunies". Des précautions, donc, mais pas de démenti.
Au détour d'une interview du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, ce 6 août dans le JDD, on comprend qu'Emmanuel Macron a surtout raconté n'importe quoi. A une question sur ce projet de hotspots libyens, il répond ainsi : "Le Président a souhaité que soient mis en place des centres d'orientation pour les demandes d'asile dans des pays situés au sud de la Libye. Ce type d'initiatives ne peut pas actuellement être envisagé en Libye, compte tenu de la situation du pays." Voilà qui n'a plus grand chose à voir avec la version présidentielle !

Rétropédalage passé inaperçu

En réalité, Emmanuel Macron avait déjà donné une toute autre version dans un discours donné un peu plus tard le 27 juillet. Mais hormis La Croixou France 24, la majorité des médias, Marianne compris, n'avaient pas repéré ce changement de pied : l'idée de hotspots libyens était donc restée non corrigée un peu partout, la première annonce du chef de l'Etat étant plus visible que le reste.
Ce fameux discours, visible en vidéo sur le site de l'Elysée, enterre pourtant bien toute mention de centres d'enregistrement des candidats à l'asile en Libye. Macron déclare : "Je souhaite que l'Union européenne, et à tout le moins, la France le fera-t-elle, puisse aller traiter les demandeurs d'asile au plus près du terrain, dans l'Etat tiers le plus sûr, proche justement des Etats d'origine. C'est pourquoi nous développerons des missions de l'OFPRA qui iront, les unes, sur les hotspots italiens, pour améliorer notre coopération avec l'Italie, en termes justement de demandeurs d'asile, les autres, sur le sol africain, dans les pays sûrs, où nous pourrons organiser ces missions, pour traiter des demandeurs d'asile, et leur éviter de prendre des risques inconsidérés." Si la Libye est évoquée, c'est uniquement pour dire : "La stabilité en Libye est essentielle, pour démanteler ces routes des migrations contemporaines, et donc dans les prochains mois, nous œuvrerons avec nos partenaires européens pour stabiliser la Libye, mais aussi pour construire avec le Niger, avec d'autres pays partenaires, les politiques de développement."
La création de hotspots libyens "dès cet été" n'est donc en rien d'actualité. Mais c'est bien le président de la République lui-même qui est à l'origine de la mauvaise info.

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