«Ce grand écart n’est pas tenable» : le contenu de l'audition du général de Villiers révélé
La retranscription de l'audition du général de Villiers révèle que celui-ci n'a pas mâché ses mots concernant l'avenir de la Défense en cas de coupes budgétaires, assumant une divergence politique frontale avec l'exécutif.
La démission du général de Villiers le 19 juillet dernier a fait couler beaucoup d'encre. On connaît désormais le contenu de l'audition de l'ancien chef d'état-major des Armées par la commission de la Défense de l'Assemblée nationale qui s'était tenue à huis clos le 12 juillet. Ce sont les propos qu'il avait tenus à cette occasion qui lui avaient valu un recadrage par Emmanuel Macron, prélude à une crise dont la démission du général de Villiers avait été l'épilogue.
Mis en ligne par l'Assemblée nationale, le verbatim de l'audition du général de Villiers révèle que ce dernier s'était sans ambiguïté opposé aux coupes claires prévues par le gouvernement dans le budget de la Défense (850 millions d'euros en moins). «Les exécutions budgétaires ont été préservées en 2015 et 2016. Cela doit être le cas également en 2017, car les armées ne sont pas moins sollicitées, loin s’en faut», avait-il déclaré. Il avait ainsi fait part de ses inquiétudes de manière franche : «Ce grand écart n’est pas tenable, je suis désolé de devoir vous le dire avec force ! Notre liberté d’action en souffre.»
Tout en entrant dans les détails de la technique budgétaire, le général de Villiers avait alors tenu des propos plus ouvertement critiques. «Je ne suis pas un lapin de six semaines : je sais bien que si l’objectif de 50 milliards est fixé à 2025 et que la courbe d’évolution du budget démarre très bas, l’élévation de cette courbe ne se produira qu’en fin de période. Nous connaissons la ficelle de cette remontée tardive et l’avons déjà expérimentée sous les deux quinquennats précédents», s'était-il permis de faire observer.
Sans ambages, l'ancien chef d'état-major avait alors soulevé la question même de la pérennité de l'armée française et de son rôle à l'avenir. «Comme chef d’état-major des armées, je ne vois pas d’autre alternative que celle du désengagement opérationnel inéluctable, par manque de moyens», avait-il déploré, laissant ainsi entendre que la France serait contrainte de se retirer des différents théâtres d'opération sur lesquels elle opère jusqu'ici. Et ce scénario, le général de Villiers n'en avait pas fait mystère, n'avait clairement pas sa préférence.
«Ce serait revoir nos ambitions à la baisse, au moment même où de très nombreux Etats, déraisonnables pour certains, aspirent à faire entendre leur voix dans le concert des nations», analysait alors le général de Villiers, avant de conclure : «Une telle décision serait respectable, mais il faut que, politiquement, les choses soient claires.» Une semaine plus tard, Emmanuel Macron clarifiait à sa manière la situation en acceptant la démission du chef d'état-major.
Lire aussi : Au Tchad, le ministre français des Armées en opération séduction auprès des militaires
Tout en entrant dans les détails de la technique budgétaire, le général de Villiers avait alors tenu des propos plus ouvertement critiques. «Je ne suis pas un lapin de six semaines : je sais bien que si l’objectif de 50 milliards est fixé à 2025 et que la courbe d’évolution du budget démarre très bas, l’élévation de cette courbe ne se produira qu’en fin de période. Nous connaissons la ficelle de cette remontée tardive et l’avons déjà expérimentée sous les deux quinquennats précédents», s'était-il permis de faire observer.
«Ce serait revoir nos ambitions à la baisse, au moment même où de très nombreux Etats, déraisonnables pour certains, aspirent à faire entendre leur voix dans le concert des nations», analysait alors le général de Villiers, avant de conclure : «Une telle décision serait respectable, mais il faut que, politiquement, les choses soient claires.» Une semaine plus tard, Emmanuel Macron clarifiait à sa manière la situation en acceptant la démission du chef d'état-major.
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