Bariza Khiari : une proche de Macron à la tête d’un institut islamique contesté
Grand favori des instituts de sondage, Emmanuel Macron a multiplié les déclarations en faveur du multiculturalisme depuis son entrée en campagne. Un positionnement incarné par l’une de ses plus proches conseillères, la vice-présidente du Sénat Bariza Khiari, qui préside également l’Institut des cultures d’islam. Une organisation culturelle et cultuelle dont le financement public a été récemment condamné par le Conseil d’Etat pour entorse à la laïcité.
Déléguée nationale du mouvement En Marche !, la vice-présidente du Sénat Bariza Khiari est une personnalité clé de la campagne d’Emmanuel Macron. Une désignation qui ne doit rien au hasard. Bariza Khiari est en effet présidente de l’Institut des cultures d’islam depuis 2016. Lancé par Bertrand Delanoë, l’ICI abrite des espaces d’exposition d’art contemporain et une salle de prière musulmane de 320 m² en plein cœur du quartier de la Goutte d’Or à Paris.
Une double vocation qui n’est pourtant pas sans poser problème. Porte-parole du Front de gauche, Alexis Corbière avait été le premier à tirer la sonnette d’alarme. Dans une tribune publiée par Médiapart, ce proche de Mélenchon alertait sur le financement d’un lieu de culte musulman par la ville de Paris.
Une deuxième mosquée qui passe mal
Deux ans après sa création, la justice commence à s’intéresser à l’ICI, alors que le projet de la construction d’une deuxième mosquée pour l’ICI rue Myrha est porté par la mairie. Une enquête est ouverte à la suite d’une plainte contre un « projet pharaonique conçu sur le plan juridique, financier et technique pour contourner la loi de 1905 ».
Un scandale qui, au lendemain des attentats de novembre 2015, contraint la mairie de Paris Anne Hidalgo à abandonner le projet de mosquée. Cette décision conduit le président de l’ICI Jamel Oubechou à démissionner. Bariza Khiari le remplace en avril 2016. La Sénatrice s’est notamment fait connaître pour son engagement antiraciste et pour ses prises de position en faveur d’un islam « libre, spirituel et responsable ». Elle est aussi à l’origine de « l’appel des 41 », une pétition de personnalités appelant les musulmans à prendre leurs responsabilités pour lutter contre le fondamentalisme.
Une entorse à la loi de 1905
Pour autant, les procédures judiciaires se poursuivent contre l’ICI. Le 10 février 2017, le Conseil d’Etat confirme annule la délibération du Conseil de Paris qui avait créé l’Institut au nom de la loi de 1905 interdisant le financement public des lieux de culte. Le coup est rude pour l’ICI qui voit son existence menacée. Une situation que la mairie de Paris a cependant déjà annoncé vouloir débloquer afin de permettre que « l’exploitation du lieu se poursuive dans les meilleures conditions ».
Une situation trouble qui soulève l’inquiétude, au moment où le modèle laïc et républicain est attaqué de toute part par des mouvements communautaristes. Une ambiguïté de plus que le candidat d’En Marche ! ne semble pas décidé à lever, de peur de froisser certains de ses électeurs.
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