Journaliste

Ancien chef d’édition à RTL (1967-2001)

L’impartialité, l’objectivité, la neutralité avancées par nombre de mes confrères journalistes — ceux appartenant à la plupart des grands médias, surtout télé — mettent ceux-ci en porte-à-faux : choisir de diffuser longuement une information parce qu’elle peut nuire à telle candidate (l’émission en caméra cachée sur C8, le 15 mars, contre Marine Le Pen) et taire complètement une autre information parce qu’elle pourrait être préjudiciable à un autre candidat (le micro ouvert à Beur FM le 14 avril lors d’une pause dans l’interview d’Emmanuel Macron). Une telle pratique du journalisme ne donne pas une excellente image de ma profession.
Le système « deux poids, deux mesures » est aussi pratiqué par certains journalistes des grands médias : combien de fois, lors des débats télévisés, quelle que soit la chaîne de télévision de la TNT, voyons-nous ne serait-ce qu’un seul commentateur défendre François Fillon ou Marine Le Pen ?
L’impartialité, l’objectivité, la neutralité dont se targuent ces confrères, où sont-elles ? Ne serait-ce qu’à propos des intentions de vote des Français ? Combien de fois avez-vous entendu évoquer les études réalisées par des organismes de recherche tels que Filteris 1 ? Étant donné que ces estimations (prenant en compte des millions d’internautes) ne vont pas dans le sens voulu par certains grands patrons de presse, leurs organes ne commentent que les sondages (portant sur ce que veulent bien leur « confier » au mieux un millier de « sondés »).
L’impartialité, l’objectivité, la neutralité d’un journaliste (profession qui est différente de celle d’un commentateur ou d’un « spécialiste ès opinions politiques ») voudraient que celui-ci rapporte certes les résultats des sondages, mais aussi ceux de ces nouveaux organismes établissant également à un temps t les intentions des électeurs.
Eh bien, non : à longueur d’antenne et de journée, mes confrères nous rabâchent les résultats de sondages qui ne sont jamais – c’est curieux – défavorables à leur chouchou (Macron) ou leurs chouchous (avec Mélenchon)…
Sauf que, à une semaine du premier tour de cette présidentielle, sentant que leurs sondages risquent d’être complètement démentis, les journalistes et les instituts ont trouvé une astuce pour permettre de placer toujours en tête leurs chouchous, en détournant la fameuse et providentielle « marge d’erreur » : ils ont placé les quatre principaux candidats, dont leur(s) chouchou(s), dans un mouchoir de poche afin qu’il(s) soi(en)t toujours dans le peloton de tête ! Cela leur permettra d’avoir une merveilleuse sortie de secours en cas de défaite de ce(s) même(s) chouchou(s) : « Nous l’avions bien précisé dans la dernière semaine, se justifieront-ils, la marge d’erreur faisait qu’ils étaient qualifiables, mais voilà, les électeurs indécis ont, au dernier moment, fait pencher le vote de l’autre côté… » Ce sera leur argumentation au soir du premier tour. Bien entendu, avec une mine contrite. Spectacle que j’attends avec impatience…