Sens commun les met sens dessus dessous
François Fillon, répondant à la question d’un journaliste, n’a pas exclu de les faire entrer au gouvernement.
Tous les bons électeurs de la droite bourgeoise et libérale qui s’apprêtent à voter Fillon le font notamment parce qu’il leur apparaît comme l’un des leurs : un bon représentant de cette bourgeoisie catholique de province, attachée à certaines valeurs – parfois floues -, bien élevée et, par-dessus tout, discrète. Ces gens-là n’apprécient guère la vulgarité d’une Marine Le Pen ou le côté fric d’un Emmanuel Macron. Et puis, il faut le dire, la présence de Sens commun aux côtés du candidat les rassure. C’est la preuve, à leurs yeux, que leur poulain sait s’entourer de gens de valeur et appliquera leurs idées une fois arrivé au pouvoir.
Comme d’habitude, la réalité sera bien différente, mais ces gens là – qui continuent de défendre le calamiteux mandat de Sarkozy « parce qu’il a quand même tenu bon au cœur de la crise » – ne s’en apercevront même pas. Lorsqu’un François Baroin aura investi l’hôtel Matignon, et que NKM sera promue ministre d’on ne sait quelle diversité, ils s’en contenteront. C’est comme ça qu’on fabrique les cocus, heureux qui plus est…
Ce qui est beaucoup plus surprenant, c’est cette crainte irraisonnée de nombreux caciques de LR, à commencer par le meilleur d’entre eux, envers ce mouvement qui leur semble aussi ésotérique et nocif que l’Opus Dei revisité par Dan Brown. Car il semble que leurs craintes soient aussi peu fondées que les espérances de leurs électeurs catholiques.
Sens commun, né du mouvement du printemps 2013, est composé de personnalités d’une valeur incontestable, intellectuellement formées – chose rare dans ce milieu – et dont les idées fondatrices étaient claires. Nombreux sont ceux qui déplorent qu’ils se soient fourvoyés au sein d’un parti tel que LR, sans crainte de la contradiction entre leur dénonciation du libéralisme culturel, social et politique et l’arrimage des instances dirigeantes du parti à une idée européiste sous-tendue par ce même libéralisme exacerbé.
Leur ralliement à Fillon est illogique, mais on doit leur reconnaître le mérite de la constance, quand tant d’autres ont fléchi au plus fort de la tempête. De là à leur accorder une influence réelle, il y a un grand pas.
François Fillon, répondant à la question d’un journaliste, n’a pas exclu de les faire entrer au gouvernement, tout en ajoutant prudemment qu’il « n’adhère pas à toutes les positions de Sens commun ». Il a déclenché les hurlements d’une partie de ses « soutiens ». C’est assez compréhensible. LR est composée d’une multitude de chapelles que ne réunit que l’odeur de la soupe. Parmi elles, de purs libéraux-libertaires : Chatel, NKM, Le Maire, Juppé et tant d’autres. Quelques éminents membres de la franc-maçonnerie, qui sont parfois les mêmes. Et beaucoup d’opportunistes, dont la philosophie politique se limite à l’invocation des « valeurs de la République » qu’ils seraient bien en peine de définir. On comprend, en effet, que ces politiciens sans convictions s’étouffent de rage, pour la galerie !
Car ce ne sont que des postures, des effets de manche ! Qui, parmi ces vieux briscards de la vie politique, peut croire un seul instant que Sens commun au gouvernement aura plus d’influence que la maladroite Christine Boutin n’en a eu à son époque ? Qui peut croire une seconde que l’action d’un François Fillon, soumis aux oukases de Bruxelles et des grands groupes financiers, pourrait être amendée par un ou deux sous-secrétaires d’État issus de ce mouvement ? Et, comme pour les rassurer par avance, le même Fillon déclarait : « Ma majorité ira de Sens commun à Nathalie Kosciusko-Morizet. »
Si ce n’est pas assez clair…
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