mercredi 26 avril 2017

Retour aux réalités. La colère du peuple

Par François Danjou
Après des semaines de militantisme idéalisé, retour aux réalités et à la colère de ceux qui réfutent une fausse vision machiavélique de la politique, en réalité des tactiques de comptoir faites de faux semblants, de démagogies, de mensonges, d’opportunismes à courte vue, d’anesthésies, de manipulations et de trahisons, ayant précisément conduit la France dans les ornières où elle est embourbée aujourd’hui.  

Aucun de ces déçus formant la piétaille du candidat Fillon aujourd'hui sonnés par le choc de la défaite n’aurait eu comme Raffarin, Larcher, Lemaire, Dati, Fenech, Lellouche, Estrosi et j’en passe, ils sont trop nombreux, la tentation de fuir à la première anicroche, pour revenir dès que la bataille se calme et se débander  nouveau en larges troupeaux quand elle reprend.  Surtout, fidèles grognards, ils croient indigne de voler au secours de la victoire en frappant un homme à terre comme le fait toute la classe des Républicains ou presque.

Disséquer aujourd’hui les nombreux défauts de François Fillon et ses erreurs est un peu facile quand la vérité est ailleurs. Les costumes, Pénélope et les humeurs pincées des moralisateurs ne sont que l’apparence d’une réalité fabriquée. La vérité pèse. Elle est incontournable et explosera tôt ou tard à la figures des caméléons simulateurs  se succèdant sur les plateaux télé.

Imaginons un instant qu’au lieu de vouloir abattre Fillon, le Canard qui fut à l’origine de la manœuvre après avoir fouillé dans les poubelles du Sarthois vieilles parfois de plus de 20 ans, ait décidé d’abattre Macron, lui aussi  avec le concours du Parquet National Financier, courroie de transmission judicaire de l’arnaque électorale.

La réalité – elle aussi fabriquée - serait aujourd’hui combinée à coups de médias bêlant indéfiniment en chœur les mêmes mantras à propos des millions du météore de la politique française gagnés chez Rothschild, de son patrimoine caché, de l’horreur de sa trahison algérienne, du bradage d’Alstom aux Américains et de l’abandon de la société de gestion de l’aéroport de Blagnac livrée pieds et poings liées à des financiers chinois corrompus dont la fortune est abritée aux îles Vierges si mal nommées.

Divaguons encore un peu : Tandis que le Parquet National Financier fouillerait les déclarations de patrimoine de Macron au milieu d’incessantes violations du secret de l’instruction, Laurent Ruquier, Yann Moix, Pujadas, LCI, France Info, BFM TV, l’Express, Le Monde, Libération, au lieu de gloser sur les costumes et Pénélope qui révulsent les pharisiens, chanteraient de manière obsessionnelle la musique funèbre de la mort politique d'Emmanuel Macron. 

Exprimant, uniquement à charge leur indignation, ils s’offusqueraient en se pinçant le nez de voir une telle « brebis galeuse » (c’est le mot de Ruqier à propos de F. Fillon) à ce point imbriquée avec la grande finance internationale, prétendre à l’Elysée, ce cœur indépassable de toutes vertus christiques, alors que François Hollande lui-même, preux chevalier blanc et père spirituel de l'imposteur, avait, dans son discours du Bourget du 22 janvier 2012, répété sur un ton shakespearien de pacotille que son « véritable adversaire » était « le monde de la finance, sans visage et sans parti. ».

Du coup une autre réalité virtuelle, elle aussi articulée à la naïveté de l’opinion, aurait surgi, tout comme la première sans rapport avec l’état de la France, sur lequel François Fillon a, sans succès, tenté d’alerter le pays : 10% de chômeurs, 2200 Mds d’€ de dettes, une profonde fracture ethnique sociale et religieuse, un système éducatif délabré, des comptes sociaux dangereusement en déficit, une sécurité générale gravement menacée.  

Au lieu de cautionner l’effort  pour un rétablissement du pays, une partie importante des Français, souvent les plus jeunes entraînés ou suivis par toute une classe de crocodiles hétéroclites a préféré la musique anesthésiante de Macron, déconnectée des réalités. Le tamtam médiatique et la prévalence du vote ethnique ont fait le reste, prenant en otage le suffrage universel.

Mais la séquence n’est pas finie, loin de là.

Ceux qui, comme un seul homme, répétant d’anciennes figures de style aujourd’hui violemment dépassées, appellent au « vote républicain » pour tenir à distance la colère du peuple qui gronde, rapprochant progressivement le Front National du pouvoir, se préparent un réveil difficile.

Peut-être est-ce d’ailleurs là une des plus graves failles de François Fillon puisque, le 23 avril au soir, reconnaissant sa défaite, il a lui aussi appelé à l’illusion du « vote républicain » qui transforme l’épreuve de vérité que devrait être le suffrage universel en une opération de déni des réalités.

Comme les masses critiques d’un explosif, les ingrédients de la déflagration s’entremêlent et sont clairement visibles dans les résultats du scrutin. En 2012, le vote ethnique des banlieues avait déjà pesé au point que, pour la première fois dans l’histoire du pays, une élection nationale avait mis en évidence une fêlure culturelle et religieuse exprimée par une population mal intégrée, en majorité de culture musulmane.

Les médias et les tenants du « vote républicain » si mal nommé puisqu’il s’agit en réalité de dédaigner plus de 20% des votes exprimés, tiennent cette dérangeante évidence à longueur de gaffe. La vérité est qu’en s’agglutinant à Emmanuel Macron, la cohorte de ceux qui rallient l’imposture attisent les braises de la révolte.

Plus encore, JL Mélenchon plus lucide que F Fillon ayant refusé de donner des consignes de vote, la puissance probable des bulletins de la colère éjectés par l’oligarchie aux marges du système, atteint une ampleur préoccupante à près de 15 millions de suffrages exprimés. Si on y ajoute la « carte sauvage » de l’abstention à 10,5 millions de voix dont personne ne sait où elles iront,  on dessine une incertitude dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle contredit la chanson du bonheur d’Emmanuel Macron. FD

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