jeudi 27 avril 2017

Comment Emmanuel Macron vise l'explosion des Républicains

VIDÉOS. Le candidat d'En marche ! ne cédera rien à LR. Son objectif est de récupérer les libéraux pro-européens au sein d'un parti de la majorité présidentielle.

Modifié le  - Publié le  | Le Point.fr
Emmanuel Macron ne fera aucune concession programmatique aux Républicains. Il l'a dit, mardi soir, sur le plateau du 20 heures de France 2. Il campe sur son programme, et uniquement sur son programme, face au Front national. Ceux qui, parmi Les Républicains, ont clairement appelé à voter pour lui n'ont rien à attendre en retour. Une attitude qui n'est pas sans rappeler celle de François Fillon au lendemain de sa victoire à la primaire de novembre 2016. Le candidat LR estimait qu'il ne devait son succès qu'à lui-même, qu'il avait remporté la primaire sur la radicalité de son programme et que, par conséquent, ayant directement été élu par des citoyens, il ne devait strictement rien à son parti, et encore moins aux différentes tendances qui le composent... On connaît la fin.
Emmanuel Macron n'a pas remporté le premier tour avec 44 % des suffrages comme Fillon, mais avec 24 % des suffrages, face à trois autres candidats autour de 20 %. Le pays est divisé en quatre avec, schématiquement, deux offres libérales (Macron et Fillon) et deux offres étatistes anti-bruxelloises (Le Pen et Mélenchon). Si Macron refuse le moindre geste aux Républicains, il prend le risque de se priver d'une partie importante des électeurs LR tentés par l'abstention, le vote blanc et, pour certains d'entre eux, par le vote Front national...
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Un parti de la majorité présidentielle

Mais Macron, par cette attitude fermée, vise un tout autre but : l'explosion des Républicains. Il souhaite en effet que la recomposition politique aille à son terme afin que les libéraux pro-européens (en gros, les juppéistes et les lemairistes) se détachent des LR et le rejoignent au sein d'un parti de la majorité présidentielle. Aussi, il n'investira aucun candidat LR qui n'aura pas quitté son parti d'origine. La pression exercée sur les juppéistes est forte, car certains d'entre eux sont effectivement bien plus proches philosophiquement d'Emmanuel Macron que de la ligne identitaire incarnée désormais par Laurent Wauquiez...
Lundi 24 avril, une petite trentaine d'élus LR, proches d'Alain Juppé et de Bruno Le Maire, ont fait une partie du chemin. Dans un communiqué aux mots pesés, ils écrivent : « Nous devons repenser la façon dont nous portons les valeurs de liberté, de responsabilité, d'autorité de l'État et d'attachement à l'Europe. » « Nous savons que l'efficacité de l'action publique repose sur la capacité à rassembler et à dépasser les postures », poursuivent les auteurs. « Ce premier tour nous oblige à envisager l'avenir de notre pays avec un regard neuf. Nous espérons que notre famille politique saura comprendre cette nécessité. » Parmi les signataires, Édouard Philippe, député-maire du Havre, Christophe Béchu, maire d'Angers, Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin, Franck Riester, maire de Coulommiers, Sébastien Lecornu, président du département de l'Eure, Thierry Solère, député des Hauts-de-Seine...

Macron leur met le couteau sous la gorge : quittez les LR, sinon vous aurez, dans vos circonscriptions, un candidat du mouvement En marche !... Macron ne négocie rien, il réclame une reddition totale. Folie pure ou calcul gagnant ?

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