Alain Afflelou votera Fillon: "La campagne a été escamotée, la démocratie bafouée"

Abonnés Entretien: Anne Masset et Vincent Slits Publié le samedi 01 avril 2017 à 11h50 - Mis à jour le samedi 01 avril 2017 à 12h52

Sharing Buttons

France 2017

Fin 2012, Alain Afflelou, le fondateur de l’enseigne d’optique du même nom, le plus célèbre lunetier de France et roi de la communication – avec des slogans qui ont eu leur succès, comme “On est fou d’Afflelou” –, partait s’installer à Londres. “Pas pour des raisons fiscales” , assurait-il à ses salariés, mais bien pour développer son business dans le nord. Et pour être plus proche de Lion Capital, le fonds qui a racheté 66  % de son groupe en juillet 2012.
Quatre ans plus tard, il vit toujours à Londres. Il en débarquait d’ailleurs mardi pour discuter avec ses partenaires belges du développement de la marque dans notre pays et du lancement tout prochain des premières boutiques belges d’Afflelou Acousticien (appareils auditifs), son nouveau créneau . Pour l’heure, le groupe, tout nouveau sponsor des Diables Rouges, compte 1 500 magasins dans le monde, dont 51 en Belgique. Il devrait en compter 150 d’ici fin 2019 dans notre pays. Dont 20 magasins ou corners Afflelou Acousticien.
Son passage à Bruxelles était l’occasion pour cet alerte patron de 69 ans de revenir sur le Brexit, les politiques fiscale et économique françaises, les élections présidentielles et… François Fillon.
Alain Afflelou est l'Invité du samedi de LaLibre.be.

Extrait de l'entretien :
(...)
Conseillez-vous François Fillon dans sa communication ?
Non. J’ai trouvé qu’il s’était mal défendu. Il s’exposait trop à répondre directement et à être obligé de se justifier. Quand il est venu la première fois sur un plateau de télévision pour expliquer que sa femme avait travaillé, j’ai trouvé cela ridicule. Il n’avait pas à répondre à ces questions. Je pense que j’aurais répondu autre chose. Et si je l’avais conseillé, j’aurais dit : “Répondez oui, ma femme a travaillé pour moi. Je ne sais pas si elle faisait 40 heures ou 10, si elle travaillait une semaine par mois ou 5. Ce que je sais, c’est qu’elle a fait un boulot. On se parle tous les jours quand on ne se voit pas, elle n’a pas besoin de me faire des rapports écrits. Si vous cherchez des preuves, allez demander aux gens qui ont rencontré ma femme. Mais c’était il y a 20 ans. En 2013, j’ai arrêté parce que j’ai pris conscience de la chose”. Cela faisait 4 ans que c’était arrêté. Toutes ces raisons font que, à mon sens, on aurait enterré le dossier tout de suite. “Si cela vous ennuie et si cela a l’air de peiner les Français, je veux bien rembourser, je n’ai pas besoin de cela pour vivre.” La loi est mal faite : c’est légal ou c’est illégal. Si c’est légal, c’est fini. Pour moi, nier était la pire des choses. Dire : “Ma femme, je l’aime, elle a travaillé”, cela ne faisait pleurer personne et je trouvais qu’il se justifiait. Et quand on se justifie, c’est qu’on est coupable.
Peut-il encore gagner l’élection ?
Je pense qu’il va la gagner. Il a détourné de lui beaucoup de gens qui étaient à fond derrière lui mais qui ont été perturbés par les costumes, le prêt à 50 .000 euros qu’il a remboursé sans intérêt…
Fillon est-il le seul candidat qui peut réformer la France sur le plan économique ?
Je ne sais pas s’il y arrivera parce que son programme est ambitieux mais objectivement, je ne vois aucune autre solution sauf à faire, comme dit Monsieur Mélenchon : “On ne paye pas les dettes”. On vit à crédit. La France n’a plus, au 15 juillet je crois, de quoi payer ses fonctionnaires et ses frais de structure. Il faut emprunter. Pendant 6 mois, on emprunte. Pas pour construire, pas pour investir dans des choses qui pourraient rapporter dans un an ou trois ans. En France, on finance à crédit notre train de vie, mais pas nos investissements.
(...