On a retenu du discours d’Emmanuel Macron à Lyon sa génuflexion à l’autel multiculturel : « Il n’y a pas une culture française. »
Pourtant, se trouvait dans ce discours un passage encore plus
ahurissant, à propos du clivage gauche-droite, dont on sent à chaque
fois qu’il est fier de constater son obsolescence et de proposer son
dépassement : « Je ne vous dis pas que la gauche et la droite, cela
ne signifie plus rien, que cela n’existe plus, ou que c’est la même
chose, mais ces clivages dans les moments historiques, sont-ils
indépassables ? Pour s’émouvoir aux grands discours sur l’Europe de
François Mitterrand quelques semaines avant sa mort, fallait-il être de
gauche ? Pour éprouver de la fierté lors du discours de Jacques Chirac
au Vel’ d’Hiv’, fallait-il être de droite ? » Ces trois questions rhétoriques nous font rentrer en plein cœur du système idéologique macronien. Dans le système du Système.
Le discours de Mitterrand sur l’Europe marquait clairement, par son
apologie de l’européisme, la soumission de la gauche à la mondialisation
libérale. Celui de Chirac symbolisait, à travers cette repentance
historique – que Macron manie à merveille, comme l’indiquent ses propos
sur la colonisation en Algérie –, l’abdication de la droite devant
l’idéologie multiculturelle, le sacrifice de la nation sur l’autel
mondialiste. Le « ni droite ni gauche » de Macron est, en
réalité, une apologie de la droite et de la gauche modernes, s’étant
délivrées respectivement de la nation et du peuple, pour communier au
même autel libéral-libertaire. Il incarne la recomposition politique du libéralisme dans ses deux versants, culturel et économique, « les pages arc-en-ciel de Libération et les pages saumon du Figaro« , selon la formule de Jacques Julliard. En entérinant la rupture de la droite et de la gauche modernes avec leurs traditions politiques – respectivement gaulliste et socialiste –, Macron se fait le héraut du Système, de la « Nouvelle classe mondiale », selon l’expression d’Alain de Benoist, ce qu’ont admirablement mis en évidence les ralliements des idéologues libéraux de Koenig à Bergé en passant par Minc et Attali. Et sa rhétorique anti-système ne trompera personne : on peut tout à fait contester les partis traditionnels – dans le seul but de les remplacer – mais ne rien vouloir changer aux orientations politiques prises depuis les années 1990.
Mais cette crispation du Système, des élites culturelles, économiques, médiatiques et politiques, manifestée par sa virulence à dénoncer les « extrêmes » de tous bords – confondant, par là, allègrement radicalité et extrémisme –, prend tout son sens au vu de la dynamique populiste contemporaine. Comme l’a bien repéré Vincent Coussedière, le populisme est la réaction du peuple pris en tenaille entre le marteau islamiste et l’enclume mondialiste. Faute de l’avoir compris, le Système et son pion Emmanuel Macron courent le risque de connaître le même sort qu’en Grande-Bretagne et qu’aux États-Unis.
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