Pour qui roule Macron ?
- 4 AVR. 2017
- PAR JBERMAN
- BLOG : LE BLOG DE JBERMAN
Les médias ont beaucoup glosé sur le fait que M. Macron a gagné des millions et qu’il ne paie pas l’ISF. Mais quand on gratte un peu cette affaire, on se rend compte que les zones d’ombres sont beaucoup plus nombreuses et inquiétantes. Des sommes d’argent astronomiques, bien sûr, des incohérences de déclaration, une mansuétude évidente de la justice et une vision très sélective des médias...
Grâce à Internet, vous pouvez vous faire votre idée : toutes les informations que je vais vous donner sont sourcées pour que vous puissiez vérifier. Mettez-les bout à bout, vous obtiendrez un tableau… saisissant.Si les journalistes se sont focalisés sur les montants encaissés, ils se sont peu intéressés à leurs différentes origines et la manière de les percevoir.
Il faut s'interroger sur :
1. La réalité de sa rémunération
2. La manière dont elle a été payée et fiscalisée
3. Son lien avec son patrimoine
1. L’extraordinaire rémunération dont rêvent tous les banquiers
En 2 ans seulement, Emmanuel Macron a gagné 2 490 000 € comme jeune associé à la Banque Rothschild :
· 1 490 000 € en 2011
· 1 000 000 € en 2012
Détail étonnant : en 2012, Emmanuel Macron a gagné son million d’euros… en 4 mois seulement !
Cela fait quand même une rémunération de 250 000 € par mois… Coquette somme.
Mais ce n’est pas le plus dérangeant : il faut la rapprocher du chiffre d’affaire de cette banque.
À fin septembre 2012, la banque Rothschild a perçu 50 millions $ de commissions, soit 5 550 000 $ par mois ce qui correspond à 4 280 000 € au cours de change pour 2012.
Ce qui veut dire que M. Macron a gagné à lui seul, à 34 ans, plus de 5 % du chiffre d'affaires de la banque Rothschild sur les 4 premiers mois de l'année 2012…
…alors qu'il venait juste d'être coopté associé-gérant quelques mois plus tôt.
Il y a 21 associés-gérants chez Rothschild.
Si chacun était rémunéré à la même hauteur que M. Macron, leurs rémunérations mensuelles cumulées s'élèveraient à 1,22 fois le chiffre d'affaire mensuel de la banque : 21 x 250 000 € = 5 250 000 €.
C'est impossible.
C'est donc totalement extraordinaire, même pour un banquier. Simple hasard de calendrier ? Nous sommes à la veille d'intégrer l'Elysée avec François Hollande...
Dans ces conditions, la question qu’on peut légitimement se poser est de savoir si la banque n’a pas eu la volonté de lui maintenir de manière déguisée son salaire de 2011 en le lui versant sur les 4 premiers mois de l’année 2012.
Si tel est le cas, pourquoi la banque Rothschild aurait-elle compensé la rémunération moindre qu’il a perçue à l’Elysée en 2012 ?
Je formule une hypothèse :
Macron a-t-il été piloté par Rothschild pour enterrer le projet de séparation des banques de dépôt et d’investissement ?
Pour rappel, c'était une promesse claire de François Hollande, énoncée dans son discours du Bourget, le 22 janvier 2012 :
« Maîtriser la finance commencera ici par le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives. »
Cela aurait été une belle épine dans le pied des banques qui n’auraient pas pu continuer de financer leurs opérations spéculatives, et surtout de les éponger, avec notre argent de modestes clients.
Cette promesse est détaillée dans un entretien au Nouvel Observateur : « Je veux séparer au sein de chaque établissement les activités de crédit, de dépôt et celles dites de spéculation. Il n'y a pas besoin de séparer les établissements. Des produits financiers seront interdits : les CDS [credit default swap] à nu et les produits détachés de l'économie réelle. Aucune activité de placement spéculatif ne pourra être financée à partir des dépôts des Français. »
Le texte de loi de 2012 revient clairement sur cette promesse : il prévoit de limiter les activités de marché des établissements de crédit à des actions « utiles pour l'économie. »
Mais le diable se niche dans les détails de ce qui est jugé « utile » et une longue série d'activités boursières, voire spéculatives sont possibles.
Le texte ne propose plus de séparer les activités de crédit des activités spéculatives. La promesse de Hollande a vécu. Elle est enterrée.
À tel point que les banquiers ne s'en cachent pas : cette loi ne les inquiète pas le moins du monde.
Certains sont interrogés par la commission des finances de l'Assemblée, le 30 janvier 2013, sur le pourcentage de leurs activités qui serait concerné par la loi. « Cela représente entre 3 % et 5 % de nos activités de BFI [banque de financement et d'investissement], qui représentent elles-mêmes 15 % des revenus totaux de la banque », répond Frédéric Oudéa, patron de la Société générale.
Soit 0,75 % des revenus de sa banque qui seraient impactés par la loi.
Autant dire, une peccadille.
Emmanuel Macron a-t-il pesé dans ce choix d’une simple filialisation des activités « spéculatives » sous prétexte de protéger celles utiles au financement de l'économie ?
En tous cas, l’époque, d'Attac à la gauche du PS, les critiques fusent contre un gouvernement jugé trop sensible aux arguments des banques.
De fait, le texte de loi est moins-disant par rapport aux réformes américaine (règle Volcker) ou britannique (loi Vickers), et même en deçà du rapport Liikanen pour l'UE, pourtant là encore jugé très minimal.
Alors que, dans un autre domaine, le gouvernement vient de lancer le crédit d'impôt « compétitivité emploi », d'un coût de 20 milliards d'euros d'allègement de charges pour les entreprises, une partie du PS se montre très agacée.
« On a compris que les banques avaient commencé leur lobbying dès le 7 mai et que la technostructure du trésor à Bercy partageait davantage leur point de vue que le nôtre », explique ainsi un député de la majorité au Monde.
Bercy… ou bien le secrétariat général de l’Elysée ?
2. Des salaires déguisés… pour prendre 67 % de salaire en plus
D'après BFM (article ci-dessus) Emmanuel Macron est payé en 2011 par la banque
· en salaires (403 600 €),
· en revenus tirés de bénéfices industriels et commerciaux (706 000 €) mais également en dividendes (291 300 €).
Ces mécanismes de rémunération résultent de montages classiques chez Rothschild pour les associés-gérants.
Le problème est que ces mécanismes sont extrêmement préjudiciables pour les finances de la Sécurité Sociale.
Aucune charge patronale et salariale n’est payée. Le manque à gagner est considérable.
Et les économies qui en découlent profitent dans un premier temps à l'employeur qui, s'il devait payer les charges sociales attachées, ne pourrait pas rémunérer dans de telles proportions son salarié.
Dès lors, la banque Rothschild a fait des économies, mais le bénéficiaire final est M. Macron. Ces mécanismes sont en réalité des salaires déguisés.
Imagine-t-on un instant tous les salariés en France être payé pour partie (28%) en salaires et le reste (72 %) en honoraires et dividendes ? Le système de protection sociale en France serait depuis longtemps en faillite.
Mais les salariés seraient au moins mieux payés.
À titre de comparaison, une personne payée au SMIC avec ces mécanismes percevrait 322 € de salaire (28 %) et 1 598 € de revenus non soumis à charges sociales (le salarié bénéficierait en effet d'un complément de salaire qui correspond aux charges salariales mais également patronales non payées).
Soit un revenu net de 1 920 € à comparer au smic net de 1 150 €.
Si tous les salariés de France profitaient du même système de rémunération, ils percevraient 67 % de salaire en plus.
Pour une personne payée au SMIC, cela représente 770€ de plus par mois.
Pour les dividendes, c'est pire. Car M. Macron a perçu 291 000€ « provenant de parts de dividendes dans les sociétés du groupe Rothschild » alors qu'il n'était pas actionnaire de la banque avant son arrivée et ne l'est plus après son départ.
C'est donc qu'il a fait un « aller-retour » sur titres pour percevoir des dividendes qui sont moins taxés que les revenus du fait des différents abattements fiscaux pour ce type de revenu.
Mais personne ne s'interroge sur les différentes sociétés du groupe Rothschild qui versent ces dividendes. Lesquelles ? Combien ? En France ou à l'étranger ? Offshore ou non ? Pourquoi « différentes sociétés » ?
Sur ce sujet, il serait fort intéressant d'interroger Madame Anne Maisonnier, gérante de la société ROTHSCHILD & CIE GESTION, en charge, en autre, de l'organisation de ces différents systèmes de rémunération des associés-gérants de la banque.
Si les salaires de Pénélope Fillon ou des enfants Le Roux ont été récemment contestés, au moins, dans leur cas, les charges sociales ont-elles été payées.
On a également beaucoup de mal à comprendre pourquoi M. Macron s’est élevé contre les rémunérations des grands patrons français en 2016 alors que lui-même a gagné mensuellement sur les 4 premiers mois de l'année 2012, l’équivalent de 60% de la rémunération mensuelle de M. Carlos Ghosn en 2015, rémunération qu'il jugeait inacceptable.
3. Un patrimoine opaque, un traitement privilégié
Plus étonnant encore, dans sa déclaration à la Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Publique de 2014, on remarque qu'au cours de cette même période 2011-2012, il emprunte le 4 septembre 2012 la somme de 600 000€ sur 20 ans pour refinancer sa résidence principale.
À cet emprunt s'ajoute la somme de 350 000€ emprunté le 23 novembre 2011 pour une résidence secondaire.
Au titre de 2011 et 2012, il a donc emprunté la somme de 950 000€.
Ainsi, en deux ans, M. Macron a « encaissé » un total de 3 440 000€, soit 200 années de revenus d'une personne payée au SMIC.
Quand on gagne 2 490 000 € en 2 ans, c'est tout de même étonnant de devoir emprunter la somme complémentaire de 950 000€ sur la même période pour financer en partie des actifs qui ne vous appartiennent pas.
Plus Monsieur Macron gagne d'argent, plus il s'endette.
Plus étrange, le prêt de 600 000 € de 2012 à servi à « refinancer le prêt initial » de 500 000 € pour sa maison qu'il avait contracté en 2007. Si ce prêt de 2012 avait servi à refinancer celui de 2007, pourquoi restait-il un reliquat de 200 000 € du premier emprunt en 2014 ?
De même, le prêt de 2007 était sur 10 ans. Donc censé être remboursé en totalité en 2017. Pourquoi reste-t-il un solde de 100 000 € à rembourser en 2022 ?
Mais surtout où est passé tout cet argent en aussi peu de temps ?
Dans cette même déclaration à la Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Publique signée par lui le 24 octobre 2014, M. Macron déclare que la somme de 350 000€ empruntée en 2011 correspond à des travaux dans une résidence secondaire.
Sauf que, curieusement, il ne déclare pas de résidence secondaire !
Deux solutions :
· Soit il a oublié de la déclarer, ce qui relèverait du pénal ;
· Soit il a financé des travaux dans une résidence secondaire qui ne lui appartient pas. Et dans ce dernier cas, il devrait déclarer à son actif un prêt du même montant. Ce qu'il ne fait pas. Ce qui relève également du pénal.
Les sanctions pénales pour de tels manquements sont expressément rappelés en dernière page de cette déclaration qu'il a signé et daté de sa main à la HATVP le 24 octobre 2014.
Mais on découvre qu'en réalité cet emprunt aurait servi à financer des travaux dans la maison familiale du Touquet.
Cette maison non déclarée à la HATVP en 2014 se retrouve curieusement dans ses déclarations ISF pour 2013 et 2014.
En effet, M. Macron a fait l'objet de redressements ISF pour ces mêmes années qui sont assis sur une sous-évaluation de sa maison du Touquet.
M. Macron a accepté un redressement pour une sous-évaluation de cette maison : 1,4 million au lieu de 1,2 millions au titre des années 2013 et 2014.
Il aurait même déposé une déclaration d'ISF rectificative au titre de ces deux années.
Mais s'il reconnaît être le propriétaire de cette maison du Touquet dans ses déclarations rectificatives d'ISF pour 2013 et 2014, c’est donc qu'il a menti dans sa déclaration à la Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Publique (HATVP) datée du 24 octobre 2014 et qui a été datée et signée de sa main.
Dans cette déclaration, M. Macron ne faisait pas état de cette maison du Touquet : il ne déclarait alors que son appartement parisien.
On apprend également que cette maison appartient sa femme depuis de nombreuses années. Ils se sont mariés en 2007. Cette maison fait donc partie de son patrimoine depuis cette date.
Et si le redressement fiscal de l'ISF de M. Macron porte sur les années 2013 et 2014, c'est parce qu'il a profité de la prescription fiscale pour les années antérieures de 2007 à 2012.
On notera la mansuétude dont il bénéficie, à la différence de Pénélope Fillon qui doit s'expliquer sur ses salaires pour les 25 dernières années.
Quand le Canard Enchaîné fait sa Une sur un prêt de 50 000 € accordé à un autre candidat et non déclaré à la Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Publique, pourquoi ne s'émeut-il pas du prêt familial cinq fois supérieur de 350 000 € ou de sa maison de 1 400 000 € qui ne figurent pas sur sa déclaration du 24 octobre 2014 à cette même Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Publique ?
Quand l'article de l'HuffingtonPost (article ci-dessus) précise : « Si cette affaire ne constitue pas une fraude et n'entraînera pas de redressement aux sens fiscal du terme », on comprend que M. Macron a bénéficié d'un traitement privilégié : le dépôt d'une déclaration rectificative est une démarche spontanée d'un contribuable qui s'excuse de s'être trompé. Ça n'est jamais le résultat de discussions avec l'administration sur des écarts de valeurs entre les deux parties qui portent sur un bien immobilier. Ce serait bien la première fois que l'administration s'adresse à un contribuable pour l'interroger sur la valorisation de son patrimoine et lui offre la possibilité, après discussions, de déposer une déclaration rectificative sans qu'on puisse dire qu'il n'a pas été redressé.
Chaque citoyen peut se poser la question de savoir pourquoi les médias restent silencieux sur toutes ces incohérences.
Le questionnement sur la complaisance des médias est légitime. Surtout quand on apprend que M. Bernard Mourad dirigeant de SFR et de Altice (BFM TV, RMC, Libération, L'Express) propriétés de M. Patrick Drahi a rejoint l'équipe de M Macron « En Marche » en octobre 2016 comme conseiller spécial.
Quand on exige des candidats une transparence totale (et légitime) il semble que la presse, la justice et la HATVP se doivent de l'être également pour M. Macron sur tous ces sujets aujourd’hui très sensibles.
Les errements des politiques trouvent leur fondement dans l'aveuglement lié à l'exercice du pouvoir. La presse depuis de nombreuses années s'est installée comme un contre-pouvoir salutaire à tous ces excès.
Internet nous dévoile aujourd'hui ces mêmes errements au sein de cette même presse qui, pour les mêmes raisons, tombe-t-elle aussi dans les travers de ces mêmes aveuglements.
Toutes les informations contenues dans ce document sont disponibles sur internet qui a cette vertu de permettre à chaque citoyen aujourd'hui de vérifier les informations qui lui sont présentées par des médias égarés à l'excès.
Et le résultat est inquiétant : la complaisance des médias en faveur de M. Macron semble aujourd'hui évidente.
Qu'en est-il de la justice ?
Il est temps que le favori à l’élection présidentielle s’explique sur toutes ces incohérences.
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