« Après l’avoir soutenu aux primaires, j’ai douté de la candidature de François Fillon. Mais les turpitudes de nombre de ses adversaires m’ont fait reconsidérer la situation en sa faveur ». L’édito de Richard Amalvy.
« Un ami m’a offert des costumes en février. Et alors ? » C’est ainsi que, le 13 mars dernier, François Fillon a répondu dans Les Échos aux révélations faites la veille par le JDD. Comme d’autres, j’ai été troublé par la succession d’avatars touchant l’ancien Premier ministre et son épouse, me demandant si j’avais bien fait de lui apporter mon soutien pendant les primaires. Et puis, d’autres informations – touchant ses nombreux adversaires – ont atténué ce doute.
Le magazine Challenges a révélé récemment que la maison Louis Vuitton habille gracieusement l’épouse d’Emmanuel Macron. Et alors ?
J’ai appris que ce dernier avait été rattrapé par l’administration fiscale en 2016 pour avoir sous évalué la valeur de son patrimoine en 2013 et 2014, échappant ainsi à l’ISF. Interpellé quelques temps après par les médias, il a déclaré : « Je ne suis pas pour une société du déballage ». Et alors ?
Le 22 mars, Le Canard Enchaîné a fait savoir que l’ancien ministre socialiste de l’Économie Pierre Moscovici s’est laissé offrir des costumes – coupé chez Arnys, le tailleur de Fillon – par son ami Laurent Max, négociant en vins et fournisseur de l’Elysée, de Matignon et du Quai d’Orsay avant 2012 mais, souligne le palmipède normalement impertinent : « à une époque où les parlementaires n’avaient pas à déclarer de tels dons aux autorités ». Et alors ?
Selon Le Canard Enchaîné du même jour, on apprend qu’après avoir été candidat à l’élection présidentielle en 2002, l’élégant François Bayrou a cherché à se faire rembourser 42 566 euros de « frais d’habillement » en les intégrant dans son compte de campagne. Et alors ?
Bruno Le Roux, ancien président des députés socialistes, a signé entre 2009 et 2016 24 CDD de collaboratrices parlementaires à ses filles, alors adolescentes, pour un montant de 55 000 euros. En 2013, l’une d’entre elles cumulait aussi un emploi en Belgique. Il a quitté le gouvernement et nous n’entendons plus parler de lui. Et alors ?
En mars 2015, Le président du Parlement européen a diligenté une enquête au sujet d’une vingtaine d’assistants parlementaires soupçonnés de travailler pour le Front national aux frais de l’Union européenne. Philippot a déclaré sur Twitter : « Nos assistants ne travaillent pas pour l’Union Européenne mais contre elle ! ». Selon le Parlement européen, le préjudice financier s’élèverait à 7,5 millions d’euros. Et alors ?
Toujours contre le FN, des juges cherchent à déterminer si des responsables de Jeanne, le micro parti de Marine Le Pen, et de Riwal, le prestataire de services du FN, ont mis en place une pompe à financements publics pour payer les campagnes législative et présidentielle de 2012. Et alors ?
Benoît Hamon cache son épouse. Ce n’est pas qu’elle ne soit pas présentable, mais Gabrielle Guallar est, depuis juillet 2014, la responsable des Affaires publiques du groupe LVMH qui par ailleurs habille Madame Macron. Elle a été embauchée trois mois après l’arrivée de Benoît Hamon au gouvernement. Puis Madame Guallar a soutenu la Loi Macron que Monsieur Hamon a copieusement critiqué. Et alors ?
Jean-Luc Mélenchon a récemment publié un livre intitulé « De la vertu » dans lequel il dénonce avec raison l’« omniprésence de l’argent comme valeur suprême dans la société ». Cette sortie coïncide avec les dénonciations d’un ancien conseiller général de l’Essonne pour lequel : « Mélenchon est un professionnel de la politique qui a toujours vécu de la générosité des contribuables ». Même si cela était vrai… et alors ?
En juillet 2014, le magazine Closer a calculé que Mme Trierweiler, intermittente à l’Élysée, a coûté un demi-million d’euro à l’État pendant qu’elle jouait le rôle de Première dame. Selon les journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemmouri, qui avaient déjà révélé le salaire mensuel brut du coiffeur coloriste du Président (9 895 euros), sa remplaçante Julie Gayet, une véritable actrice, coûte environ 400 000 euros par an en frais de sécurité. Les bagatelles de M. Hollande auront coûté bien plus en cinq ans que les salaires de Pénélope Fillon, épouse-collaboratrice, sur plus de 30 ans. Et alors ?
Et alors… tout ceci ne serait rien si Philippe Folliot, objet politique non identifié, n’avait décidé de se tourner vers Emmanuel Macron pour retrouver ses amis Arthuis et Bayrou. Le 18 mars dernier, Il a constaté « la désastreuse situation […] liée aux affaires qui touchent le candidat François Fillon ». L’OPNI de Saint-Pierre de Trivisy oublie qu’il a lui même employé des membres de sa famille dans toutes les fonctions professionnelles qu’il a occupé depuis le début de sa carrière, y compris à l’Assemblée nationale. Et alors ?
« Ah pour être dévôt, je n’en suis pas moins homme » déclare Tartuffe à la charmante Elmire, poursuivant ainsi : « Et lorsqu’on vient à voir vos célestes appâts / Un coeur se laisse prendre, et ne raisonne pas / Je sais qu’un tel discours de moi paraît étrange / Mais, Madame, après tout, je ne suis pas un ange».
Dans un monde politique où l’angélisme ne prévaut pas, on doit espérer que celui qui tirera le pompon présidentiel moralisera vraiment la vie publique. Les démocraties scandinaves y sont parvenues avec des contraintes qui sont devenues de saines habitudes.
En attendant, parce qu’il faut un vote exprimé dès le premier tour, puis une véritable alternative à l’incongruité pour le deuxième, je maintiens que François Fillon est le plus apte des candidats pour être le prochain Président de la République.
Vous avez le droit de penser comme moi. Et alors ?
Richard Amalvy
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire