jeudi 29 juin 2017

26 JUIN 2017
On nous avait promis un remaniement « technique », finalement, englué dans des scandales en cascade, Emmanuel Macron et Édouard Philippe ont été contraints de remanier en profondeur. On nous avait promis un gouvernement composé d'experts, il n'en est rien. Ce remaniement a été pensé pour satisfaire les équilibres politiques et s'assurer d'un contrôle serré des ministres d'ouverture. Les socialistes renforcent leur assise au gouvernement tandis que les ministres supposément de droite se voient encadrés dans leur action par des fidèles macronistes. Ce gouvernement qui s'est voulu d'ouverture par des débauchages individuels est en vérité sous tutelle.
Le chiffre
30 : C'est le nombre de membres du gouvernement, alors qu'Emmanuel Macron avait promis une quinzaine de ministres.
Le MoDem, englué dans un scandale d'emplois présumés fictifs, reste au gouvernement
Le MoDem, englué dans un scandale d'emplois présumés fictifs, reste au gouvernement pour satisfaire des équilibres politiques et des alliances politiciennes.
La future loi de moralisation de la vie publique n'y change rien. Le MoDem, bien que pris dans un scandale d'emplois présumés fictifs, est maintenu au gouvernement. Certes, François Bayrou et Marielle de Sarnez ont été contraints à quitter leurs fonctions. Pourtant, ils ont été immédiatement remplacés par deux autres personnalités du MoDem, dont sa vice-présidente : Jacqueline Gourault. Geneviève Darrieussecq devient quant à elle secrétaire d'État aux armées. Les visages changent, mais dans le fond, rien ne change.
Emmanuel Macron ne peut le nier : il s'adonne à des accords d'appareils en maintenant le MoDem dans son gouvernement, bien que ce dernier soit pris par les affaires en cascade.
Les fidèles d'Emmanuel Macron récompensés
Les fidèles d'Emmanuel Macron héritent de maroquins qui leur donneront l'occasion de surveiller de près les ministres d'ouverture.
Benjamin Griveaux, fidèle d'entre les fidèles, qu'Emmanuel Macron entend bien voir prendre la mairie de Paris en 2020, devient secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie. Ce maroquin a un double avantage : il donnera de la visibilité à son poulain tout en lui permettant de surveiller de près son ministre d'ouverture, Bruno Le Maire.
Julien Denormandie, autre « macron boy », hérite lui aussi d'un poste de secrétaire d'État. Là encore, ce n'est pas l'expertise mais la proximité avec le président de la République qui a primé.
Enfin, Sébastien Lecornu, débauchage individuel de droite, partagera le secrétariat d'État à la Transition écologique avec Brune Poirson, une députée En Marche ! qui doit tout à Emmanuel Macron. Si l'on rajoute à cela les 10 conseillers communs entre l'Élysée et Matignon, on comprend que le président a placé ses fidèles partout dans l'objectif de contrôler au mieux ses ministres d'ouverture.
Le parti socialiste renforce encore sa domination du gouvernement
La gauche, tenue à l'écart le temps des législatives, est enfin largement récompensée.
Lors de la campagne des élections législatives, En Marche ! avait été, pour des raisons électoralistes, très discret sur ses liens avec la gauche, dont la majorité de ses membres sont pourtant issus. Maintenant que le président dispose d'une confortable majorité, il peut enfin récompenser les anciens élus PS ou membres de cabinets sous François Hollande qui se sont ralliés à lui dès la première heure.
Sur les 30 membres du gouvernement, Emmanuel Macron a ainsi choisi de nommer la moitié de ministres issus des rangs du socialisme.
Nicole Belloubet, nouvellement ministre de la Justice, est une ancienne élue locale du Parti socialiste, nommée au Conseil constitutionnel par… Jean-Pierre Bel, président socialiste du Sénat en 2013. À chacune des élections locales où elle a concouru elle l'a fait sur une liste socialiste : aux régionales, comme aux municipales. Elle a d'ailleurs été sanctionnée pour avoir manqué à son devoir de réserve lorsqu'elle était fonctionnaire.
Stéphane Travert, député socialiste, devient ministre de l'agriculture.
Enfin, Florence Parly, vice-présidente de la région Bourgogne, élue sur une liste socialiste, devient ministre des Armées ; Elle était déjà, entre 2000 et 2002, secrétaire d'État au Budget de Lionel Jospin. La nomination de celle qui vient de passer ces dernières années à la Sncf et à Air France ne peut manquer d'interroger d'autant qu'elle n'a aucune connaissance particulière des sujets Défense. On nous avait promis un gouvernement d'experts, la réalité montre qu'il s'agit d'un subtil alliage constitué à des fins électoralistes.

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