dimanche 25 juin 2017

Le patron de l'anti-terrorisme condamné pour avoir diffamé un imam

Pierre de Bousquet de Florian, aujourd'hui à la tête de Centre national de contre-terrorisme, a diffamé un imam assigné à résidence.

Cinq cents euros d'amende. Pierre de Bousquet de Florian, chef de la nouvelle «task force» antiterroriste, a été condamné jeudi à 500 euros d'amende avec sursis pour avoir en 2015, lorsqu'il était préfet de l'Hérault, diffamé un imam assigné à résidence.

Dans Le Figaro du 9 décembre 2015, le préfet de l'Hérault affirmait que l'imam Mohamed Khattabi «a des paroles de haine contre notre mode de vie, pouvant être influentes sur les jeunes, il symbolise l'islam dont on ne veut pas dans ce pays». «Et si les perquisitions ont fait chou blanc sur le volet terroriste, elles auront au moins un mérite», ajoutait-il: débusquer «le fraudeur et le tricheur» qu'il est. «Il va être rattrapé par des poursuites judiciaires», pronostiquait-il.

L'imam a été condamné en mai 2016 à six mois de prison avec sursis pour recel de fraudes aux allocations et «travail dissimulé», condamnation dont il a fait appel, selon son avocat.

Jeudi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné M. de Bousquet de Florian, qui était absent à l'audience et n'a fait «connaître aucun moyen de défense», pour diffamation.

Il est en outre condamné à verser un euro de dommages et intérêts et 2.000 euros pour les frais de justice à l'imam. Ce dernier poursuivait également le préfet pour le contenu d'un ordre de perquisition, mais il s'agit d'un acte confidentiel qui ne peut faire l'objet de poursuites en diffamation, a jugé le tribunal.

«Pas du tout salafiste»

Le texte attribuait à l'imam des «prêches anti-occidentaux, incitant au jihad et prônant l'usage de la violence».

Selon l'avocat de l'imam, Me Arié Alimi, son client figurait parmi les tout premiers assignés à résidence dans le cadre de l'état d'urgence instauré à la suite des attentats du 13 novembre. Son assignation a par la suite été abrogée.

Selon Me Alimi, son client est «très heureux que la justice ait condamné M. de Bousquet de Florian». Pour l'avocat, engagé contre l'état d'urgence, il s'agit d'un dossier emblématique de la majorité des mesures prises dans ce cadre, et «un excès de la communication outrancière et inefficace dans la lutte contre le terrorisme».

L'imam est «un peu orthodoxe», «pas du tout salafiste», mais n'a «strictement rien à se reprocher en matière de terrorisme ou de radicalité», affirme l'avocat, qui estime que les déclarations du préfet «ont certainement dû influencer la décision du tribunal correctionnel» de Montpellier qui a condamné son client.

Patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST) de 2002 à 2007, M. de Bousquet de Florian a été nommé tout récemment à la tête du Centre national de contre-terrorisme (CNCT) voulu par Emmanuel Macron.
  Leparisien.fr avec AFP
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