Le rideau de fer est tombé en quelques mois ; le rideau d’argent, plus subtil, plus insidieux, mettra plus de temps à tomber, mais il tombera.
Léon Bloy et Georges Bernanos, ces deux grands patriotes catholiques, ont beaucoup pleuré sur la France quand elle souffrait ou quand elle se dévoyait. « C’était la grande France de jadis qui pleurait en moi, la pauvre vieille mère de tous les enfants de France! » (Bloy, Dans les ténèbres). Et le vieux prophète en colère ne pouvait qu’attendre « les Cosaques et le Saint-Esprit » (Au seuil de l’apocalypse).
Bernanos, plus politique, faisait un grand usage du mot « imbéciles » pour décrire ses contemporains. Les optimistes, disait-il, sont des imbéciles heureux. Les pessimistes, des imbéciles malheureux.
Les imbéciles malheureux sont ceux qui sont encore attachés à leur « famille politique ».
Sur le site Causeur, Ingrid Riocreux dénonce cet usage immodéré du mot « famille » en politique avec ses variantes « tribu » ou « clan », qui n’a qu’un but : bêtifier un peu plus l’électorat moutonnier. Cette imposture pseudo-familiale, Henri Guaino et Jean-Frédéric Poisson en ont fait les frais.
Macron, lui, n’a pas de famille. Il a bien compris que cette histoire de famille était un piège à cons. Pendant que les imbéciles malheureux tentent désespérément de reconstruire leur famille de droite ou de gauche, lui est en marche et règne sur les imbéciles heureux. 27 millions d’abstentionnistes contemplent ce triste spectacle.
Ceux qui tirent les ficelles de la marionnette Macron, dont on ne saura jamais les noms mais qui ont leurs idéologues, et leurs porte-parole Alain Minc, Jacques Attali et quelques autres, sont décrits dans le film d’Henri Verneuil Mille milliards de dollars sorti en 1982.
C’était il y a 35 ans. À l’époque, Mitterrand confiait que nous étions en guerre avec l’Amérique. Il ajoutait : « Je suis le dernier des grands présidents. […] Enfin, je veux dire le dernier dans la lignée de De Gaulle. Après moi, il n’y en aura plus d’autres en France… À cause de l’Europe… À cause de la mondialisation » (Le Dernier Mitterrand, par Georges-Marc Benamou).
À la fin du film (à commander ici), le journaliste d’investigation joué par le regretté Patrick Dewaere écrit cet article pour lequel il a risqué sa vie :
« « Je suis un rescapé de la plus impitoyable des guerres, la guerre économique, où les généraux sont en costumes rayés de bonne coupe et leur arme un attaché-case de bon goût.
Derrière trois initiales discrètes se cache la plus gigantesque machine à broyer les frontières, les États, les intérêts collectifs, dans le seul but de produire plus, créer sans cesse des marchés, et « vendre ». Je me suis cogné la tête contre ce défi lancé au monde. Si le dynamisme et la mondialisation des affaires est dans la nature des choses, il est difficilement supportable qu’il s’exerce au profit de trente firmes dans le monde. C’est aux États et à leurs gouvernements qu’il appartient de les contrôler, les prévoir, les définir et les dominer.
Devant l’absence de cette politique ou le manque de volonté, ces empires économiques nous regardent dans la légalité et du haut de leur gigantisme, ils nous regardent avec nos petits drapeaux, nos frontières, nos grosses bombes, nos patriotismes, nos idéologies, nos querelles et nos folklores, tandis qu’apparaît en bas de leur bilan annuel : mille milliards de dollars. » »
Je l’ai souvent dit ici : le rideau de fer, bien visible, est tombé en quelques mois ; le rideau d’argent, invisible, plus subtil, plus insidieux, mettra plus de temps à tomber, mais il tombera
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