Être élue de la Nation implique d’avoir un minimum de respect pour la fonction que l’on représente…
Ainsi donc la toute jeune députée de la 17e circonscription de Paris, Mlle Danièle Obono ne cache-t-elle pas ses sympathies, sinon son amour et son soutien inconditionnels pour le groupe Z.E.P, Zone d’expression populaire, qui chante Nique la France. Elle approuve la chanson dans son entier et assume totalement la pétition qu’elle a signée quand le chanteur dudit groupe, Saïdou, a été mis en examen en 2012, pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence ». On n’en attendait pas moins d’une jeune femme, née dans une ancienne colonie française, et biberonnée aux combats altermondialistes, pacifistes, féministes et révolutionnaires. Au moins, il n’y a aucune tromperie sur la marchandise. Elle est vraiment insoumise. Soit.
Cependant, être élue de la Nation implique d’avoir un minimum de respect pour la fonction que l’on représente, pour la main qui vous nourrit, ainsi que pour les valeurs, le drapeau et la devise que l’on porte à travers ce mandat. C’est ce qu’avaient compris il y a une centaine d’années les quelques 300 parlementaires (environ 290 députés et une dizaine de sénateurs) qui ont été mobilisés pour défendre le sol français. À cette époque, tous les mobilisés, sans exception, rejoignent les unités dans lesquelles ils sont affectés, avec leur grade correspondant. Même les ministres s’y mettent. Des noms ? Au moins deux : Adolphe Messimy (1869-1935) qui, ministre de la Guerre jusqu’à la chute du gouvernement Viviani (26 août 1914), rejoint comme capitaine et chef du 2ebureau l’état-major du 14e corps d’armée. Il fait toute la guerre et finit général !
Le second ? Abel Ferry (1881-1918), le neveu de Jules Ferry. Député des Vosges et sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, il fait pendant deux ans des allers-retours entre d’une part son unité, le 166e régiment d’infanterie (166e R.I.) puis le 9 1e R.I, et d’autre part la Chambre des députés et le Conseil des ministres.
Pourtant, Abel Ferry n’aurait jamais dû faire la guerre. Réformé en mars 1903 pour cause de tuberculose pulmonaire contractée pendant son service militaire, il fait des pieds et des mains pour servir son pays. On lui donne le droit de se battre et il va au front. Il connait les tranchées, notamment les soldats des colonies dont il partage tous les malheurs. Nommé commissaire aux armées en 1916, il meurt au front, tué par un obus en septembre 1918.
Combien d’autres parlementaires ont versé le prix du sang à mourir pour la France ? Ils sont en tout une vingtaine. Parmi eux de nombreux inconnus du grand public : Emile Driant, Josselin de Rohan, Uriane Sorriaux, Henri Durre, Raoul Briquet, Albert Tailliandier et bien d’autres. Beaucoup étaient de gauche et n’auraient pas départi dans le combat que vous menez aujourd’hui. Mais jamais ils n’auraient « niqué la France ». Une telle idée ne leur serait jamais venue à l’esprit. Bien au contraire.
Par votre attitude, vous salissez la mémoire de ses hommes qui ont fait qu’aujourd’hui vous êtes à leur place. Un peu de respect pour notre pays s’il vous. La liberté d’expression aussi a ses limites. Et pas seulement dans votre sens. Et, vous seriez-vous prête à mourir pour la France ?
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