samedi 1 avril 2017

« Pourquoi je préfère Fillon à Macron »

Une tribune engagée de Pierre Chappaz, le célèbre entrepreneur qui est à l'origine de Kelkoo, de Wikio et de Teads.
Par Pierre Chappaz.
Macron est populaire dans les startups et les medias parisiens. Il est sympa (j’ai eu l’occasion de le rencontrer et je confirme), moderne (notamment par rapport aux dinosaures du PS avec lesquels il vient de gouverner pendant 5 ans), il prêche l’optimisme à un pays déprimé… Malgré toutes ces qualités, je ne voterai pas pour lui. Pourquoi ?
Son élection ne serait certes pas une catastrophe pour la France. Simplement, je pense qu’elle ne changerait pas grand-chose. Le pays continuerait de décliner doucement, faute de réformes suffisantes pour rattraper les nations qui travaillent plus, sont moins étatisées, moins fiscalisées, moins bureaucratisées.

Pourquoi Macron est populaire

Posons la question : Macron n’est-il pas populaire justement parce que les réformes qu’il propose, et qui vont souvent dans la bonne direction, sont des demi-mesures ? Des réformettes qui ne choquent pas grand monde ?
Citons quelques exemples : assouplissement des 35 heures oui, mais sans modifier le cadre légal… Économies de 60 milliards oui, mais en même temps dépenses d’ « investissement » de 50 milliards… Réduction du nombre de fonctionnaires ? Peut-être de 25.000 par an, moins que l’augmentation annuelle des 5 dernières années…
Macron propose aussi, comme Fillon, la réduction des impôts sur le capital (qui ont été augmentés à un niveau sans précédent alors qu’il était le principal conseiller économique de Hollande) ainsi que de l’impôt sur les sociétés. Ce sont de bonnes mesures. Il est important d’alléger le boulet fiscal pour faire repartir l’économie.

Peut mieux faire

Au final, si je devais donner une note à Macron sur la politique économique, je dirais : peut mieux faire.
Pour la première fois depuis 40 ans, un candidat à la présidence propose de remettre la France au diapason des grands pays développés en ce qui concerne la liberté économique et les dépenses publiques : il s’agit de François Fillon. Il est le seul à proposer la fin des 35 heures, du Code du travail (3600 pages de réglementation) et de l’ISF, 500.000 fonctionnaires en moins. Il veut alléger la bureaucratie qui pèse sur les PME, réduire l’assistanat…
Je comprends bien que ces propositions ne plaisent pas à tout le monde : on ne peut pas diminuer l’emprise de l’État en France sans déranger certaines habitudes. Alors préfèrera-t-on reculer devant l’obstacle, et voter pour Macron, le candidat qui intitule son bouquin Révolution justement pour ne pas révolutionner grand chose ? Ou oser la vraie révolution, celle du libéralisme et de François Fillon ?

Oser la vraie révolution du libéralisme

Et puis, il y a une autre raison qui fait que je ne peux pas voter pour Emmanuel Macron : ses positions ultra-européistes, aux antipodes du sentiment de beaucoup de Français – qui ne votent pas tous Le Pen – inquiets de la disparition progressive de leur culture, de l’immigration excessive, et de la dépossession du pouvoir par l’administration bruxelloise. Fillon me parait bien plus raisonnable sur l’Europe, sans doute faut-il y voir l’héritage de son mentor souverainiste Philippe Séguin.
Merci de ne pas me dénier le droit à participer au débat au prétexte que, comme beaucoup de Français et notamment d’entrepreneurs, j’ai choisi de vivre hors de France. J’aime la Suisse, pays qui fonctionne bien, a confiance dans ses valeurs, et se trouve heureux de n’être pas dans l’Europe.
Mais j’aime aussi la France. Mon pays natal qui souffre d’un État envahissant et chroniquement déficitaire. Beaucoup de Français, comme moi, veulent que leur pays se relève. Nous sommes nombreux à travailler dur, à vouloir réaliser nos rêves sans renier nos racines.
La victoire de Fillon, après le lynchage dont il a été l’objet, paraît aujourd’hui peu probable. Mais il aura ma voix.

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