mercredi 7 juin 2017

Edouard Philippe à Matignon : la droite, embarrassée, tente de minimiser

ISABELLE FICEK Le 15/05 à 19:36 

La direction de LR pointe une « décision individuelle ». Des élus de droite appellent à saisir « la main tendue » de Macron.

Embarras pour le plus grand nombre. Félicitations et mines de « joie grave » pour certains. Colère, enfin et anathèmes du côté de l'aile droite des Républicains. C'est peu de dire que la nomination à Matignon du député-maire LR du Havre Edouard Philippe déstabilise à droite. La voix blanche, le secrétaire général des Républicains Bernard Accoyer a immédiatement souligné qu'il s'agissait d'une « décision individuelle » et pas d'un « accord politique ». « Le temps de la clarté doit succéder à celui de l'ambiguïté », a-t-il déclaré, reprenant les éléments de langage choisis pour la campagne des législatives . « Ce Premier ministre soutiendra-t-il les candidats En Marche ou LR-UDI, ceux de sa famille », s'est-il aussi interrogé.

Vidéo - Edouard Philippe à Matignon : les réactions en tweets

Une question qui va être l'un des angles d'attaque du parti. Alors que François Baroin avait dans un premier temps menacé d'exclusion ceux tentés par les sirènes d'Emmanuel Macron, Bernard Accoyer, questionné sur le cas d'Edouard Philippe, a lâché. « Pas question », ajoutant qu'il avait « de fait » quitté sa famille politique.
Il était déjà en marge du parti, il ne représente rien
Ce lundi soir lors du 20 heures de France 2, François Baroin devait abonder en ce sens et pointer un débauchage individuel. Bref, nier toutes prémices de recomposition. Il devait aussi s'interroger sur la campagne des législatives du nouveau Premier ministre et attaquer la hausse de la CSG proposée par Emmanuel Macron quand LR veut faire de la question fiscale une clef du scrutin. Le chef de file de la droite pour les législatives redoute en tous cas, comme les autres, un fort parasitage.
Convaincue que toute position mi-figue mi-raisin et que toute « marque de faiblesse », dixit un cadre LR, démobilisera son électorat, l'aile droite des Républicains a attaqué plus durement Edouard Philippe, l'accusant, à l'instar du député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, de « troquer ses convictions » pour « être dans l'air du temps ». Et alors que le juppéiste a redit être un « homme de droite », une petite musique monte depuis plusieurs jours - comme durant la campagne de la primaire d'Alain Juppé - pour dénier cette appartenance. « Il était déjà en marge du parti, il ne représente rien », tacle un élu.
Chantre d'une « cohabitation apaisée », ainsi que l'a dit Valérie Pécresse vendredi, une frange voudrait prendre Emmanuel Macron à son propre piège. «I l veut un premier ministre de droite ? Donnons-lui un gouvernement de droite ! » avait lancé la présidente de la région Ile-de-France vendredi.

« Un acte politique de portée considérable »

Comme Alain Juppé, d'autres enfin félicitent et soutiennent le nouveau Premier ministre tout en estimant - c'est le cas du juppéiste Arnaud Danjean - que la recomposition, « sans doute souhaitable, ne peut s'envisager que dans la clarté. Donc après les législatives. »
Et puis, première réplique après les secousses de l'élection d'Emmanuel Macron et de la nomination d'Edouard Philippe, des élus LR et UDI - de Benoist Apparu en passant par Gérald Darmanin, Thierry Solère, Franck Riester, Arnaud Robinet, Christophe Béchu, Dominique Bussereau, Fabienne Keller, Christian Estrosi, Jean-Luc Moudenc... rejoints par Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Louis Borloo, ont estimé que cette nomination est « un acte politique de portée considérable ». Plutôt que les « caricatures », ils ont appelé leurs familles politiques à être « à la hauteur de la situation du pays », « au rendez-vous de l'intérêt général » et à « répondre à la main tendue » du président. Bruno Le Maire a redit vouloir « dépasser les vieux clivages ». Plusieurs d'entre eux sont cités pour entrer au gouvernement ce mardi. « Pour l'instant, il n'y a pas lieu de s'affoler mais on peut avoir des surprises. La vraie question, c'est y a-t-il une majorité d'idées après les législatives ? » estime un conseiller. Comme un parfum de recomposition en marche.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire