lundi 5 juin 2017

En Marche accélérée vers... le cynisme


Entre la scène captée par Quotidien sur Macron disant qu'il n'a rien dit aux syndicats (et que c'est pour cette raison que ça s'est bien passé) et les arguments utilisés par en Marche pour la défense de Ferrand, le gouvernement d'Emmanuel Macron fait preuve d'un certain cynisme. Le nouveau monde commence à ressembler à l'ancien.
Publié le  - Mis à jour le 2 Juin 2017
En Marche accélérée vers... le cynisme

Entre la scène captée par Quotidien sur Macron disant qu'il n'a rien dit aux syndicats et que c'est pour ça que ça s'est bien passé et les arguments utilisés par en Marche pour la défense de Ferrand etc...

: A travers cet apparent cynisme, Emmanuel Macron est-il en train de prouver que son nouveau monde ressemble furieusement à l'ancien ?

Je pense que nous en sommes encore majoritairement à la phase où se convainquent de sa fourberie ceux qui la soupçonnaient déjà, et où ses émules idolâtres sont au mieux mis en éveil par ces éléments, mais pas encore retournés. Pour arriver à cette phase, il faudrait encore une ou deux révélations dans la presse, qui feront apparaître avec évidence l'imposture sur laquelle En Marche s'est construit. Ce faisant, le cycle de ces révélations se heurtera quand même au rôle de la Chancellerie. Bayrou est un vieux roublard. Il joue gros dans cette affaire. On ne devrait d'ailleurs pas tarder à avoir des révélations de ce côté-là aussi. L'ambiance générale risque donc d'être un peu tendue. Bref, pour répondre à votre question, ceux qui croient en Macron comme en un Jésus marchant sur les eaux n'ont pas encore de quoi se dessiller les yeux, sans quoi ils auraient vu les travers de la forgerie depuis longtemps. Mais nous sommes sur la pente dangereuse de la désillusion brutale, violente, où l'on va comprendre que le pouvoir a mis en scène un changement qui n'est pas prêt d'arriver.

À part la nouveauté des visages, quel changement y a-t-il eu qui justifierait l'emploi récurrent de l'expression "nouveau monde" par En Marche ?

Pour l'instant, soyons clairs, l'opération En Marche s'est résumée à proposer à une kyrielle de trentenaires des investitures à une législative, et à embaucher quelques autres trentenaires sur des postes ministériels. Mais c'est une erreur profonde de croire que le renouvellement des âges implique le renouvellement des idées. On peut être jeune et faire une politique de vieux, comme on peut être vieux et faire une politique de jeune. Ici, Macron boucle sa boucle. Il n'a pas voulu proposer de programme précis et s'est contenté d'aligner les belles promesses sur la foi desquelles les élites se sont rassemblées derrière lui en emmenant avec elles quelques classes moyennes et beaucoup de CSP +. Progressivement, tous ces gens dont beaucoup sont anesthésiés par une sorte de croyance christique vont déchanter, car Macron a quelques objectifs politiques qui ne sont pas conformes aux promesses faites. L'essentiel des mesures qu'il va prendre dans ses cent premiers jours consistera à appliquer les recommandations de la Commission européenne dans le cadre du "semestre européen", dans le respect du Pacte de Stabilité. Il s'agit d'une sorte de mélange entre l'ordo-libéralisme allemand et une vision technocratique classique. On pourra le vérifier lors de la réforme de la formation professionnelle ou de la loi de simplification administrative. En soi, ces réformes sont plutôt bonnes d'ailleurs, mais elles risquent de beaucoup étonner ceux qui ont voté Macron uniquement par goût de la nouveauté, et sans avoir pris conscience de son programme.

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