Législatives : Martine Aubry attaque Mélenchon et Macron
Entourée des candidats des cinq circonscriptions lilloises, l'ex-première secrétaire a accusé Emmanuel Macron de vouloir un parlement "à sa botte".
DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À LILLE,
Publié le | Le Point.fr
Sa parole se fait rare. Mais l'enjeu des législatives lui a paru trop lourd pour rester silencieuse. À Lille, comme dans d'autres grandes villes de France, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, avec 29,9 % des voix. En juin, la victoire des aubrystes est loin d'être assurée, notamment pour la députée sortante et conseillère municipale, Audrey Linkenheld, candidate dans la 2e circonscription. Le fidèle François Lamy pourrait bien échouer à emporter la première face à Christophe Itier, référent national d'Emmanuel Macron sur l'économie sociale et solidaire et dont le nom avait été évoqué pour entrer au gouvernement d'Édouard Philippe.
Autant de menaces qui ont conduit Martine Aubry à tenir, ce mercredi 24 mai, une conférence de presse à la fédération du PS de Lille. Entourée des candidats des cinq circonscriptions lilloises, elle a d'abord rappelé que « la vraie gauche est là ». « J'ai compris la colère des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, mais là, c'est autre chose : le vote utile et efficace, c'est le PS. Je n'ai aucun doute sur le fait que Mélenchon soit un homme de gauche, mais la politique du rêve, ce n'est pas ce qu'il convient de défendre, ce n'est pas comme ça qu'on change la vie des gens », a martelé Martine Aubry.
Macron va « casser cinquante ans de progrès social »
Sa conférence de presse s'est très rapidement transformée en réquisitoire contre Emmanuel Macron. « Je ne le déteste pas, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il connaît mal la France : il a grandi dans un milieu privilégié à Amiens, a fait carrière dans la finance… Je ne souhaite pas son échec et je serai dans une opposition constructive. La France va trop mal pour être dans la contestation permanente, mais nous serons vigilants. » La maire de Lille s'est dite très inquiète sur les réformes annoncées par Emmanuel Macron, en particulier sur la refonte du Code du travail : « C'est casser cinquante ans de progrès social. »
L'ex-premier secrétaire du PS, qui a lancé avec Anne Hidalgo et Christiane Taubira, le mouvement Dès Demain !, ne dit pas encore comment elle compte concrètement contribuer au redressement du PS. Mais elle affirme vouloir continuer à défendre « les valeurs de la gauche, qui ne sont pas mortes », taclant au passage Manuel Valls, qui a récemment annoncé la mort du PS. Elle a aussi mis en garde les électeurs contre ceux qui appellent à donner une majorité au nouveau président : « On a besoin d'avoir des oppositions républicaines. Avoir un parlement à sa botte, ce n'est pas être démocrate, c'est être dans l'autoritarisme. Et si nous en sommes là, c'est parce que la politique a reculé, parce qu'on ne parle plus des valeurs. Or, on ne gère pas un pays avec un taux d'endettement, mais avec un projet », a lancé Martine Aubry, manifestement très ébranlée par la recomposition politique en cours. « J'ai 66 ans et j'ai l'impression que tout ce que j'ai fait est abîmé, cassé. Mais je donne six mois à Macron pour se rendre compte de la difficulté des choses. »
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